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Coppered torture

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Bakezori's avatar
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  Imagines-toi.

Un homme. Tu es cet homme. Qui ne fait qu'errer dans un couloir miteux, désastreux. Un couloir qui pourrait glacer le sang de n'importe quelle personne. Ce corridor, aux premiers abords, tu l'as cru vide. Rapidement, tu t'es rendu compte que ce n'était pas vrai. Dans ce couloir ruissèle des sensations dont tu ne soupçonnais même pas l'existence. Des sensations tellement vraies que tes cinq sens s'en sont déployés comme jamais.
Tu possèdes un toucher hors du commun, capable de reconnaitre un objet entre tes doigts très distinctement sans même le voir. Les seuls éléments que tu peux toucher en ces lieux sont ton corps et les murs, remplis d'une saleté jamais vue auparavant. Ton odorat pourrait être comparé à celui d'un chien qui a été entraîné par l'homme. Mais ton nez n'arrive à déceler qu'une seule odeur ici. La pourriture. Le moisi.
Ta vue est surdéveloppée, aussi perçante que celle d'un aigle. Ici, les seules choses à regarder sont les murs poisseux de ce passage et les quelques insectes rampants subsistants. A force d'écouter de la musique trop forte, ton ouïe avait baissée.
Désormais, tu possèdes une ouïe parfaitement nette, fluide ; tu n'entends que tes pas résonner, ton rythme respiratoire et le crépitement des néons blancs et verts qui vont bientôt rendre l'âme.


  Représentes-toi.

Tu ne sais pas depuis combien de temps tu es dans ces lieux. Des semaines, peut-être même des mois. Quel jour sommes-nous ? Cette question à laquelle tu pouvais répondre avant, désormais il t'est impossible d'y répondre. La notion du temps t'est devenue complètement étrangère. Tu ne te fies qu'à ton horloge biologique qui te dicte quand dormir, quand te réveiller. Si tu arrives à dormir, bien entendu. A certains moments, dos à un mur graisseux, noir, tu auras pour simple loisir de compter les battements de ton cœur. Oui, le « temps » passe plus vite comme ça.
Tu ne sais plus de quelle couleur est le ciel, la terre, l'environnement qui est étranger à ce lieu clos. Ton cerveau a été formaté et configuré seulement pour retenir les éléments communs à ce couloir. Tu as faim. Tu ne te nourris que rarement, avec les quelques denrées que tu daignes trouver dans l'embrasure d'une porte. Cette sensation, tu as réussi à te l'accommoder. Elle est tienne, quotidienne. Ce feeling, tu finis par en redemander. Encore et encore. Ce vide en toi te donne de nouvelles perceptions de cet endroit. Oui, cela fais partie de tes quelques activités : te torturer.



* * *



  Te voilà ici.

  Adossé à l'une de ces éternelles surfaces artificielles. Tu respires. Tu es encore vivant, sans savoir comment. Ton regard est rivé vers le sol, occupé à observer les mailles de ton corsage que tu dois porter depuis une éternité. Mais maintenant, que ce soit quatre secondes, quatre heures ou quatre mois, tu t'en contrefiche. Tu n'as justement pas le temps de t'occuper du temps qui passe. Tu comptes, doucement. Tu n'en perds pas une miette, chaque fil compte. Tu les énumère si scrupuleusement que l'on pourrait avoir l'impression que ta vie en dépend. 123, 124, 125, 126… ton esprit est vide, complètement obnubilé par cette tâche primaire qui actuellement te donne l'impression de ne pas être seul. 142, 143, 144… tes jambes sont engourdies, toujours mises dans cette position inconfortable qui empêcherait presque la circulation sanguine. 167, 168, 169, 170… et plus rien. Le luminaire qui se trouve au-dessus de ta boite crânienne vient de s'éteindre, subitement, dans un craquèlement. Cela ne t'étonne même pas. Le grésillement de l'ampoule qui ne cessait de faiblir te l'indiquait inévitablement.

  Alors tu lèves la tête, comme pour vérifier qu'elle était bien éteinte. Absurde ? A vos yeux, sans doute. Mais c'est quand nous n'avons plus rien à faire que nous devenons plus authentiques que jamais ; réfléchissez bien à ces dires. Tu te mets maintenant sur tes deux jambes, fébriles comme jamais. Tu essaies de te dresser fièrement, aussi dignement qu'un paon qui nous dévoilerait la sainte beauté de son plumage.

  Mais il n'en est rien. A peine ton corps soulevé que tu retombes aussi lamentablement qu'une chenille tomberait d'un arbre. Tu ne possèdes plus d'énergie. Tu es désormais aussi mou, flasque, que cet être aquatique que nous étions.


  Tu rampes.

  Tes mains qui étaient déjà grisées par la poussière et la saleté alentour finissent naturellement par noircir. Tu ne fais plus qu'un avec cette crasse, tu es maintenant rabaissé au statut de misérable. De gueux. La pénombre du lieu ne te fait pas peur. Pour cause, tu as déjà peur pour ta propre vie. Des questions qui ne se posaient même pas à ton esprit avant, dans ta vie de citadin, viennent te hanter. Où trouver de quoi te ressourcer ? Où pourrais-tu rencontrer une forme de vie autre que les insectes ? Existe-t-il une sortie ? Ton visage laisse maintenant transparaître ta panique mentale. Où es-tu ? Que faire pour t'en sortir ? Y a-t-il une solution ? Encore mieux : existe-t-il un problème ?

  Aussi près du sol, une odeur infâme, humide et cadavérique titille tes narines. Si tu avais quelque chose dans ton estomac, tu l'aurais vomi dans l'instant pour ensuite en récolter le principal dans ton unique sac en cas d'urgence extrême : c'est-à-dire maintenant. La seule chose que tu pourrais vomir est ta bile, ton suc gastrique. Mélange affreusement acide qui, soyons clairs, ne devrait jamais sortir.

  Tu continues d'avancer lamentablement. A un rythme affreusement lent, qui t'essouffles. Plus que faim, tu as soif. Tu as besoin de te ressourcer. Tes yeux semblent vouloir se fermer pour que tu puisses t'assoupir. Impossible. Il te faut manger quelque chose. Le luxe serait de pouvoir boire ne serait-ce qu'une goutte d'eau. Tes yeux s'affolent. Ton visage bouge dans tous les sens. Tes tympans ne souhaitent qu'être stimulés pour entendre le son d'une goutte qui tombe au sol. Que faire ?

  Ta tête tourne, tu sembles partir pour un autre univers.
  Tu t'évanouis.



* * *



  Tu te réveilles.

  Ta boîte crânienne te fait affreusement mal. Pardon : tous les membres de ton corps semblent être mis à vif. Epiderme arraché, muscles découverts. Dénudés, comme cela pourrait être le cas pour un fil électrique prévu à cet effet. Tu finis par ouvrir les yeux. Tes yeux, dirigés vers le haut, indiquent que tu es allongé. Tu ne cherches pas tout de suite à te redresser. Ta paire de globes oculaires ne perçoit rien. Tu es plongé dans le noir complet.

  Positionné comme si tu étais sur une croix, tu essaie de lever ton bras pour te surélever. A peine as-tu esquissé le mouvement qu'un simple cliquetis de chaine résonne dans « la pièce ». Le faible néon situé au-dessus de ta tête s'allume alors, dans un crépitement. Mais aussi faible soit-elle, elle agresse tes yeux comme jamais. Tu as l'impression d'avoir été drogué à ton insu. Ton regard explore alors ce mur placé au-dessus de ta tête ; plus communément appelé plafond. Mais bizarrement, alors que tu t'attendais à voir encore l'une de ces surfaces putrides vues et revues dans cette « structure », tu ne daignes voir que… le vide. Même ta vue qui est alors surdéveloppée ne perçoit qu'une seule couleur. Un noir profond, comme si tu te trouvais dans un antre fermé par un rocher. Cette fameuse noirceur qui te glace le sang, qui te fait transpirer. Que tu ne peux voir que dans tes rêves les plus fous, les plus tordus.

  Un frisson parcours ton corps ; les quelques vêtements qui étaient sur ton corps ne sont plus à leur place. Pour la seconde fois, tu essaies de lever ton bras, faiblement. Tu es attaché, par des chaînes qui ont déjà su capturer ta chaleur corporelle. Tu es accroché depuis un bon bout de temps. Que faire ? Comment suis-je arrivé dans cet endroit ? Toujours la même rengaine, sur ce CD indestructible.

  A ces quelques pensées, tu t'affoles.
  Tes gestes deviennent plus brusques, tu essaies de t'échapper.
  Tu te sens menacé.

  Tes yeux s'exorbitent, tu te redresses tant bien que mal en gémissant. Mais maintenant que tu fais plus de bruit, une personne vient à toi. Du moins, tu le penses car un bruit métallique rythmé vient vers toi. Elle s'arrête près de toi et t'observe.


  Un homme, une femme, tu ne sais pas vraiment.
  Bien que tes yeux aient réussi à s'habituer à la semi-obscurité, tu n'arrives pas à bien discerner les formes qui pourraient te prouver le sexe de ce personnage. C'est comme si elle était la réincarnation même de l'androgynie. Ou de l'hermaphrodite, mythe « gastéropodien ».
  
  La personne porte une veste blanche. Mais ce vêtement, rongé par le temps et colorée par la saleté environnante n'y ressemble même plus. Seule la manière dont c'est porté prouve sa nature. Une manière très calme de marcher, lunettes rondes logées sur son crâne. La peau du protagoniste semble être rugueuse, couverte d'une épaisse couche de poussière, de crasse. Sans doute mêlée à du sang. A cette pensée, tu sens un frisson parcourir ton échine.

  Un intense sentiment de répulsion t'envahit.
  Plus que jamais, tu te sens en danger ; tu ne veux pas que cette personne s'approche.

  Ton cerveau dicte à tes cordes vocales de s'activer. Ton cerveau te demande aussi de réagir. Dès lors, la seule réaction que tu as est la plus idiote mais aussi la plus naturelle qui soit : essayer de t'enfuir. Je dis bien essayer. Lamentable, tu agites tes jambes comme si tu apprenais à nager. Ta peau ne cesse de se râper contre cette croix où tu es accroché. Elle s'enlève, se déchire lambeau par lambeau. Le sang qui sort de tes plaies s'y imprègne. L'odeur cuivrée de cette matière organique se répands dans la salle.

  Tes bras s'agitent, se soulèvent aussi  haut qu'ils le peuvent, chaînes se hissant en même temps. Ton cœur n'a jamais battu avec une telle cadence, aussi rapide, effrénée. L'étranger en face de toi lève son index, de façon à ce qu'il touche ses lèvres closes. Son regard strict ne pouvait qu'inspirer le respect.

  Ton corps se stoppe, contrairement à ton cerveau qui ne cesse de bouillonner.

  Des gouttes tombent sur un sol déjà humidifié. Ce son d'ordinaire si faible, résonne dans la pièce, rompant le silence impérieux qui régnait dans la pièce. D'ailleurs, es-tu réellement dans une pièce ? Ce lieu semble être hors de l'espace et du temps. Quelque chose ne tourne pas rond. La logique est inexistante. Les règles naturelles de l'humain et de la logique sont rompues. Cette pensée suffit à te glacer le sang.

  Le protagoniste qui cohabite dans le lieu se déplace, tout autour de toi, n'hésitant pas à se pencher sur ton corps pour mieux l'observer. Aucune parcelle de ton corps n'est épargnée. Véritable perversion, tu te sens humilié ; se sentir regardé ainsi est l'une des pires des choses qui peuvent exister. Tu as l'impression d'être un phénomène de foire, un spécimen inhumain qui ne demande qu'à être l'objet d'observations méticuleuses.

  Marginalité intrigante ou normalité sidérante ?
  La question reste sans réponse.

  Sous le moindre pas de ton examinateur, son pied est comme décollé du sol à chaque instant. Quelques fois, des craquèlements se font entendre quand sa jambe se pose sur le terrain infect ; sans doute des insectes écrasés, coquilles brisées, vie prise sans aucun remord. Naturellement. A cette pensée, tu espères que la même chose ne t'arrivera point.

  Soudainement, la voix du « scientifique » retentit.
  Cette voix n'avait rien d'humain. Mélange robotique et animal. Une voix qui suffirait à nous effrayer, nous faire pleurer si nous sommes seuls.


  « L'individu a été inspecté. Nous pouvons commencer. »


  L'utilisation du pluriel ici était injustifiée. Tout du moins, tu le crois.
  Tu regardes autour pour voir s'il y a une autre personne avec cette autorité. Mais alors que ton regard est centré à l'opposé de l'homme, sur ce sol collant et habitation de micro-organismes tous aussi dangereux pour les bipèdes que nous somme, une sensation de froid intense se pose sur ton poignet. Tu en sursautes presque.

  Pendant ta surprise thermique, une nouvelle sensation fait son apparition.
  Brutale.
  Une souffrance sans précédent.

  Tes cordes vocales se déchirent, ta respiration devient de plus en plus saccadée. Ton visage se tourne vers ton bras droit. Une expression d'horreur, d'effroi se dessine sur ton fasciés. Dans la phalange proximale de ton annulaire, un clou a été planté sans complexe, froidement. Des gouttes de ton sang sont sorties de leur logis, quelques unes tombées sur les mains de l'inconnu.

  Ton regard s'intensifie sur le visage de ton tortionnaire. Un sourire se dessine petit à petit sur son visage, langue parcourant sa main à la recherche des quelques gouttes de ce liquide rouge. Bientôt, sa langue se pose sur ta main endolorie. Tu ne cesses de lui sommer d'arrêter.

  Tu ne cesses de l'ordonner de te relâcher.
  Tu ne cesses d'avoir peur.
  Et là est ta plus grosse erreur.

  La peur nourrit son envie de te torturer.
  Il s'agit de la seule chose qui lui procure du plaisir, qui l'amuse.
  Rapidement, il attrape une aiguille qu'il plante cette fois dans la phalange distale de ton pouce. La dite aiguille s'enfonce progressivement dans ta chair, chaque coup de marteau étant suivi par une complainte déchirante. L'objet transperce ton ongle, le casse inévitablement.

  Soudain, ta main est emprisonné par la sienne et violemment, l'individu attrape l'aiguille du côté de l'ongle et tire dessus pour la faire sortir. Des bruits de tissus qui se déchirent. Os qui craquent. Reste d'ongle arraché par ses soins, laissant une peau nue ensanglantée. Souffle coupé, yeux embués par des larmes de douleur, tu ne peux qu'encaisser. Tu as fini par comprendre que toute résistance était inutile.


  Et puis au moins, cette expérience te permet de t'occuper.


  L'haleine fétide du savant passe sous ton nez, quand il approche son visage du tien. Une soudaine envie de vomir te prend. Sa peau semble grouiller de minuscules insectes, incrustés même à l'intérieur de son épiderme. Des tâches rougeâtres presque noires criblent son visage. Aucune pilosité apparente. Mais elle n'est pas lisse pour autant. Une sorte de relief se dessine sous la faible lumière environnante. Tu n'arrives plus à te retenir.

  Tu tournes violemment ta boite crânienne et libère de ta bouche un liquide affreux, qui semble être un mélange de plusieurs couleurs. Bulleux, encore chaud. Cette déjection qui aurait dû offenser l'être humain en face de toi le fait jubiler. Le faible sourire sur son visage s'étire de plus en plus. Avec une rapidité déconcertante, main gauche agrippant toujours plus fort ton poignet, main droite avec le même marteau qui a planté les clous, le même tortionnaire décide de broyer littéralement ton annulaire et ton auriculaire. Le son qui parvient à tes oreilles est infect.

  La douleur est à peine supportable. Tout ce que ton corps demande, c'est de perdre connaissance.
  Pourtant, ton cerveau résiste.
  Il souhaite que tu sois conscient de tout ce qui t'arrive. De l'expérience même que tu subis.

  Cette fois, un instrument métallique étrange à piques fait son apparition. Il reste semblable à un marteau, mais semble plus lourd et plus dangereux. Tu secoues ton visage de la droite vers la gauche. Il ne va tout de même pas…

  Fracture ouverte.
  Cubitus brisé en deux. Muscle transpercé. Cartilage réduit à néant.
  Tu ne cesses de vociférer devant une telle sauvagerie. L'instrument reste planté à l'intérieur, pour plus de douleur. Tu pleures à chaudes larmes. Tu te dis que ce n'est qu'un mauvais moment à passer. Mais enfin, que racontes-tu ? Te rends-tu compte de la bêtise dont tu fais preuve ? Ton honneur n'est plus. Ton égo a été détruit dès l'instant où tu as commencé à pleurer.

  Tu souhaites plus que tout t'évanouir. Tu te l'ordonnes, du plus profond de ton être. Mais cela ne fonctionne pas. Un rire horrible résonne dans la pièce. Suraigu, devenant subitement grave. Sortant tout droit de l'enfer. Tu hurles. Tu lui ordonnes d'enlever cette chose.

  Bizarrement, il t'obéis sans broncher… pour le planter dans ton genou gauche. Ta rotule se brise. Elle n'est plus. Ta jambe se paralyse. Tu éloignes la seconde jambe le plus loin possible. Tu transpires comme jamais, l'odeur de ta sueur venant se mêler à celle du sang. Le bougre avance, avec cette même cadence sereine. Dans sa main est logée une autre arme. Tiens, devinez ce que c'est ? Un manche en métal, plusieurs lanières de cuir foncé. L'objet agité claque dans l'air, vous suggère d'obéir immédiatement. Pas besoin de vous faire un dessin, je pense. Tout en marchant, il abaisse son instrument de torture sur différentes parties de ton corps. Le premier coup tombe sur ta poitrine.


« Alors ? Ressens-tu la même euphorie que moi quand je te fais du mal ? Sens-tu à quel point il est jouissif de voir une personne autre que soi souffrir ? Non ? Vraiment pas ? Voilà qui est bizarre…



… l'être humain n'est doué que pour faire du mal. L'être humain aime faire du mal, que ce soit physiquement ou mentalement. Pourquoi donc créer la société uniquement sur l'argent ? Moi je l'entends autrement. De la manière la plus vraisemblable existante. Dans le monde, il y a deux groupes bien distincts : ceux qui font du mal et ceux qui subissent. C'est un cycle qui ne se détruira jamais.

A ton avis, qu'est-ce qui est le plus amusant ? Faire du mal ou subir ? Moi j'ai trouvé la réponse grâce à toi. Faire du mal permet d'innover les différentes façons de détruire autrui. Que ce soit mentalement ou physiquement. Alors que la personne qui subi ? Elle ressent toujours la même chose ! De la peur, de l'angoisse, de la résignation, de la honte. N'est-ce pas ennuyant à la longue ?



… pour te remercier, je vais te faire du mal. Du mal jusqu'à ce que tu ne sois qu'un morceau de viande sans défense. Je vais t'écarteler, arracher ta peau et que sais-je encore… ce sera selon mon inspiration. »


  Ta peau qui était si blanche avant ta venue dans ce lieu est devenue rouge sang. Ton dos se cambre à chaque coup de fouet donné. Le dernier lancé dans ta blessure au genou, avec une violence folle, sépare presque ta jambe en deux.


« Regarde ! Admire donc comme le public présent salue mon talent de tortionnaire ! Un don comme le mien ne peut rester sans applaudissements, sans regards attentifs. Regarde comme je frissonne. Regarde comme cela me donne du plaisir ! Ne partages-tu donc pas les mêmes sensations que moi ? »


  Tu regardes autour de toi.
  Tu scrutes les alentours pour trouver la présence de ce fameux public.
  Mais rien. Pas la moindre présence humaine, si ce n'est que vous deux. Enfin, s'il est vraiment un humain. L'anthropoïde prend ses lunettes dans sa main et en casse un verre. Ce verre cassé, pointu à souhait et brillant sous la lumière vient rapidement se planter dans ton œil, tournant et retournant à l'intérieur de l'orifice pour mieux le désintégrer. Tu hurles. Ta vision se brouille. Tu ne cesses de crier que tu ne vois plus. Hilare, il enlève le verre et plante son doigt à l'intérieur, récoltant le sang qu'il porte à sa bouche.

  Allumette embrasée dans sa main, il la lâche sur ton autre jambe et admire la combustion qui s'opère. Machette aussitôt attrapée, aussitôt plantée dans ton épaule gauche à plusieurs reprises pour couper ton bras. Tu mords sa main le plus fort possible à chaque fois qu'elle est à ta portée. Cela te vaut un coup de poing dans le visage qui semble être une caresse comparé aux autres blessures qui parcourent ton corps.



* * *


«   -   Mais… docteur, c'est une urgence ! Le patient vient de se réveiller !
     - Comment ?! Etes-vous certain de ce que vous dites ?
     - Absolument certain ! Venez vite !! »


  Tu te retrouves dans une chambre d'hôpital, seul, avec de multiples blessures sur ton corps.
  
  Les murs plâtreux sont d'un blanc immaculés, les draps de la même couleur avec le nom de l'hôpital brodé en rouge. La sécurité englobe cette pièce. Le lit est redressé pour que tu puisses respirer. Mais tu n'y arrives pas. Dans la chambre viennent rapidement une horde de médecins qui viennent t'examiner, qui t'observent méticuleusement et qui parlent de te remettre dans le coma artificiel. Tu risques de mourir asphyxié. Tu ne supportes plus leurs regards incessants.

  Tu fermes tes yeux.
  Mais tu te retrouves dans cet enfer, dans cette structure dangereuse où tu ne cesses d'être torturé par cette personne. Tu les rouvres subitement et revois ces médecins qui te branchent de toute part. Tu essaies de clore tes paupières une seconde fois. Le même cauchemar réapparait. Tu exécute ces mouvements plusieurs fois de suite.


  La folie te prend. Tu hurles. Tes yeux s'exorbitent.
  Ta cage thoracique est d'une proéminence extrême. Dans un dernier souffle, tu te soulèves. Les médecins essaient de te maintenir dans ton lit. Tu les repousse avec une force que tu n'as jamais eue. Ta détermination est plus forte que ton corps. Elle te donne les derniers nutriments dont tu avais besoin.

  Tu avances vers la fenêtre. Les médecins te retiennent autant qu'ils le peuvent, clamant que tu es devenu fou, que faire une chose pareille est d'une bêtise sans précédent. Tu continues de vociférer. Avec tes dents, tu attrapes toute parcelle de peau qui s'approche de toi. Et quand ils se furent éloignés, sans l'once d'une hésitation, tu sautes. A l'impact, ta boite crânienne se brise ainsi que plusieurs de tes os. Le cerveau est touché. Le temps qui à l'extérieur était si radieux semble s'être assombrit immédiatement. Les gens qui étaient aux alentours hurlent de terreur. Certains s'évanouissent.

  La mort est enfin venue te chercher.



* * *



  Tes yeux clos te ramènent encore une fois dans cette structure.
  La même saleté environnante, toujours cette odeur putride. Mais bizarrement, tu te sens chez toi. Tu portes la même veste que cette personne qui t'as torturé. Une ribambelle d'armes se dresse devant tes yeux ébahis.

  Là, tu comprends tout. Un sourire dément se dessine sur ton visage. Et avec ce bruit métallique qui t'es maintenant si familier, tu avances en boitant, à la recherche d'un humain.


  Tu fais maintenant partie de la classe supérieure.
Cette nouvelle, cela faisait un bout de temps que j'essayais de la boucler (terminée le 02 Mars 2010). Bien que j'ai eu beaucoup de mal, j'ai tout de même réussi ! Donc euh... il faut savoir que ce que j'ai écrit est assez violent donc je la réserve pour un public averti. En espérant que vous l'apprécierez tout de même, j'en suis assez contente. =)

Ce texte a été écrit grâce à la musique de Akira Yamaoka (OST Silent Hill, jeu vidéo).

Merci de ne pas copier ni vous approprier mon travail.

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© Hannah aka Bakezori
Comments12
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soso0197's avatar
c'est le texte le plus poignant que j'ai lu :O

il flanque la frousse, la vache !
c magnifik :D